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Palmier dattier
Palmier dattier - ph : Pixabay

La variété Deglet Nour constitue une menace génétique pour la Palmeraie algérienne

Dattes en péril : La Palmeraie algérienne face à une menace génétique croissante.

Le récent salon international de la datte à Alger a levé le voile sur l’extraordinaire diversité des dattes algériennes, exposant au public des centaines de cultivars, chacun portant en lui une richesse génétique unique. Cependant, derrière cette vitrine de variétés, se profile une menace sérieuse : l’érosion génétique qui touche la palmeraie algérienne.

L’Institut national de la recherche agronomique d’Algérie (INRAA) tire la sonnette d’alarme, affirmant avoir recensé plus de 1 000 variétés de dattes, certaines étant des cultivars sans nom, issus de croisements aléatoires, appelés Khalt. Ces cultivars représentent une ressource précieuse pour de nouvelles sélections, tant pour la qualité des dattes que pour leur résistance au redoutable bayoud, une maladie qui menace les palmeraies algériennes.

La diversité variétale des dattes algériennes offre une gamme riche de saveurs, de textures et de résistances aux parasites, mais elle est en danger en raison de la prédominance de la variété Deglet Nour, la plus cultivée et exportée. Cette variété monopolistique contribue à une « énorme perte de gènes », dans des propos rapportés par TSA Algérie, selon Said Acourene, co-auteur d’une étude datant de 2007.

L’histoire de cette diversité remonte loin dans le temps, lorsque l’isolement des oasis a favorisé le développement de clones uniques. Les agriculteurs, jouant le rôle de sélectionneurs, ont créé une multitude de cultivars avec des caractéristiques différentes, préservant ainsi un patrimoine génétique exceptionnel.

Cependant, les nouvelles tendances agricoles, dictées par des impératifs commerciaux, ont entraîné la disparition de nombreux cultivars locaux au profit d’une spécialisation excessive dans quelques variétés. À Oued Righ et Oued Souf, 40 à 90% des cultivars de terroir sont menacés de disparition, mettant en danger cette diversité unique, toujours selon la même source.

Le commerce des dattes, devenu un enjeu économique majeur, est dominé par la Deglet Nour, laissant peu de place aux autres variétés. En 2021, les exportations algériennes de dattes ont atteint 75 millions de dollars, alimentées principalement par cette variété.

Face à cette menace grandissante, les services agricoles tentent de sauver ce patrimoine génétique en identifiant génétiquement les cultivars et en les intégrant dans des collections de recherche. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelhafid Henni, a annoncé la plantation d’un million de palmiers supplémentaires en Algérie, avec l’objectif de promouvoir la diversification des variétés et de préserver la résistance aux parasites.

L’enjeu est crucial, car la préservation de cette diversité génétique déterminera le futur de l’industrie des dattes en Algérie. L’érosion génétique ne menace pas seulement la biodiversité des palmiers, mais aussi la résilience de tout un secteur économique. Face à cette menace, la mobilisation pour préserver cette richesse génétique unique s’impose comme une priorité nationale.

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