Les raisons de la hausse des prix des produits de première nécessité.
A l’approche du mois sacré du Ramadan, les prix des produits de première nécessité ne cessent d’augmenter alors qu’ils ne connaissent pas de tension. Le quotidien régional Jijel El Jadida relève la présence de longues files d’attente devant les magasins dans différents quartiers de la ville de Jijel, pour l’achat de semoule. La chaine DZ News rapporte les paroles d’un cadre du ministère du Commerce qui accuse certains individus d’acheter des grandes quantités de semoule pour les stocker à domicile, au risque de les voir se périmer.
En effet, le Directeur général des activités commerciales au ministère du Commerce, Sami Kolli, a fait une déclaration à la radio publique dans laquelle il dénonce l’attitude de certains individus qui essayent d’exercer une pression sur l’Etat et la population, en s’emparant des stocks de semoule. Cela s’était déjà produit en 2020 et les individus en question n’hésitaient pas à se débarrasser des produits une fois périmés.
L’association de protection du consommateur (Apoce) a également constaté cette tension sur la semoule. Le président de l’Apoce a déclaré avoir pris des mesures pour informer les autorités compétentes face à la tension existante autour de la semoule dans certaines régions du pays. Mustapha Zebdi a exprimé sa crainte que cette tension se répande, même dans la région centre du pays.
Selon lui, cette tension sur la semoule est due à l’achat massif de la semoule malgré la rareté du blé provoquée par la situation de crise entre la Russie et l’Ukraine. Une autre raison serait le fait que certains opérateurs utilisent la semoule pour nourrir leur bétail, car les prix du maïs ont connu une hausse importante sur le marché mondial. Enfin, M. Zebdi évoque la contrebande de semoule vers l’est (à la frontière avec la Tunisie).
Bien que certaines sources fassent mention d’une tension également observable sur l’huile de table, Mustapha Zebdi, relativise. Selon ses dires, l’Apoce n’a pas fait état d’une tension importante comme celle sur la semoule. Il en appelle également à l’observation d’une retenue par rapport aux informations circulant sur les réseaux sociaux, qui selon lui, ne font qu’aggraver la situation.
La crise ukrainienne a possiblement joué un rôle sur la pénurie de blé, d’autant plus que la Russie et l’Ukraine sont les deux principaux exportateurs de ce produit qui est très consommé dans le monde et dont dépend l’alimentation de plusieurs personnes.
Au Maghreb, exception faite de la Tunisie, l’Algérie et le Maroc sont à l’abri d’une crise au moins sur plusieurs mois. En effet, les deux pays s’étaient constitué des stocks bien avant l’éclatement de la guerre en Ukraine le 24 février dernier.
Le 7 mars dernier, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, affirmait que l’Algérie disposait en effet d’un stock de céréales suffisant pour répondre aux besoins des consommateurs algériens de façon régulière.
Notons que les appréhensions des Algériens à l’approche du Ramadan, portent également sur les prix, notamment ceux de la viande ovine qui ne cessent d’augmenter. Pour ce qui concerne la viande blanche, il ne devrait pas y avoir de problème.
« 47 000 tonnes de viandes blanches destockées à l’occasion du Ramadan. »
Le ministre Abdelhafid Henni a annoncé la mise sur le marché d’une quantité de 47 000 tonnes de viandes blanches à l’occasion du Ramadan. L’Onnilev (Office interprofessionnel des viandes) va commercialiser 10 000 tonnes de viandes blanches à prix fixes en deçà de 330 DA le kilo. Le secteur privé se chargera de mettre sur le marché 37 000 tonnes de viandes blanches à prix libres.
Une autre appréhension porte également sur les produits agricoles, en particulier la pomme de terre dont le prix a atteint 140 DA. Le déstockage des quantités de ce tubercule devrait suffire à réduire les prix, même si le président de l’Apoce affiche un scepticisme évident.
D’après ces dires, ces opérations de déstockage, ne fournissent habituellement pas des quantités suffisantes dans les différents points de vente. Alors, penser que cela pourrait impacter le prix au niveau des points de vente semble utopique.
Il a du reste suggéré que des quantités de poulets soient commercialisées dans les supérettes à prix accessibles, relevant que les 150 points de vente de poulet annoncés par le ministère de l’Agriculture étaient insuffisants pour faire baisser les prix.