Pourquoi la Politique Agricole Commune (PAC) est de plus en plus contestée ?
La Politique Agricole Commune (PAC), un pilier de l’Union Européenne depuis soixante ans, se retrouve au cœur d’une contestation croissante de la part des agriculteurs européens, mettant la pression sur les responsables politiques nationaux et européens. Le ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau, se rend à la Commission européenne pour plaider en faveur d’aménagements rapides de la PAC, soulignant les préoccupations grandissantes au sein de la communauté agricole.
Un déclin inexorable du revenu agricole
Initialement conçue pour protéger les agriculteurs et assurer la souveraineté alimentaire, la PAC a longtemps été le principal soutien financier des exploitations agricoles européennes. Cependant, au fil des décennies, la générosité de la PAC a commencé à décliner. Depuis les années 90, l’UE a progressivement abandonné les prix garantis et le rachat des excédents, laissant le marché déterminer le revenu agricole. Cette évolution a entraîné une baisse progressive du soutien financier, contribuant à une diminution alarmante du revenu des agriculteurs français de 40 % au cours des trente dernières années précise un article de RFI.
Les agriculteurs sont confrontés à un contexte de plus en plus difficile avec la fin des prix garantis, des tracasseries administratives croissantes pour recevoir les aides de Bruxelles, et des charges supplémentaires. Les subventions de la PAC ne compensent plus suffisamment les pertes financières, et la récente inflation aggrave la situation précaire des agriculteurs. La flambée des coûts du carburant et des engrais, conjuguée à une hausse des taux d’intérêt, réduit encore davantage leur capacité d’endettement.
Le virage vert de la PAC : un défi mal accueilli
À partir de janvier 2023, la PAC subit une nouvelle métamorphose avec l’introduction d’exigences environnementales. Les agriculteurs se sentent pris en étau entre des pressions économiques de plus en plus fortes et des obligations environnementales imposées par Bruxelles. La montée en gamme de la production, censée augmenter les revenus, se révèle être un pari hasardeux dans un marché où les consommateurs privilégient souvent le prix. Le verdissement de l’agriculture nécessite un soutien financier et réglementaire accru pour préserver le modèle économique des exploitations européennes.
Comparativement à d’autres pays comme les États-Unis, le Japon ou la Suisse, l’Union Européenne dépense moins pour soutenir ses agriculteurs. Les accords de libre-échange, tels que celui avec le Mercosur, sont également pointés du doigt par les agriculteurs qui craignent une concurrence déloyale, notamment pour les viandes françaises. Les accords autorisant l’importation de produits ukrainiens en Europe sans droits de douane ajoutent également une pression supplémentaire, suscitant des inquiétudes chez les agriculteurs français, polonais, et roumains.
Face à ces multiples défis, la contestation grandissante des agriculteurs met en lumière la nécessité d’une réforme profonde de la PAC précise la même source. Les responsables politiques européens doivent reconnaître l’urgence d’une augmentation du budget de la PAC et repenser les politiques agricoles pour garantir la durabilité économique des exploitations agricoles. Une coopération étroite entre les États membres et la Commission européenne est essentielle pour trouver des solutions équitables et durables, préservant ainsi l’avenir de l’agriculture européenne.