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La Géoingénierie : Entre espoir et controverses

La géoingénierie, une technologie controversée pour freiner le changement climatique, suscite des débats passionnés quant à ses implications sur la productivité alimentaire mondiale.

Selon une étude récente dévoilée par Geo, bien que cette approche puisse potentiellement stimuler la production alimentaire dans certaines régions du globe, elle pourrait aussi avoir des conséquences néfastes pour d’autres pays. Cependant, des incertitudes planent sur la viabilité des gains espérés.

Bien que la géoingénierie en soit encore à un stade préliminaire, elle suscite déjà un vif intérêt et suscite de nombreuses discussions. La mise en œuvre de cette technologie, visant à modifier artificiellement le climat, pourrait ne voir le jour que dans une ou deux décennies, sous réserve d’un consensus mondial pour son développement.

Cependant selon Geo, ce consensus semble encore loin d’être atteint, à en juger par les nombreuses critiques que cette approche suscite. En septembre dernier, une douzaine de personnalités internationales ont appelé à un moratoire sur les expérimentations de géoingénierie solaire à grande échelle.

Parmi les différentes méthodes envisagées, la plus souvent évoquée est l’injection d’aérosols stratosphériques, également connue sous le nom de « SAI » (Simulated Stratospheric Aerosol Intervention). Cette technique implique la libération de dioxyde de soufre (SO2) dans la stratosphère, située entre 12 et 50 kilomètres d’altitude, afin de créer un nuage d’acide sulfurique qui partiellement bloque les rayons du soleil, compensant ainsi le réchauffement climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine.

Aucun des 11 scénarios de réchauffement climatique ou de géoingénierie que nous avons analysés ne profite à tout le monde

Une question cruciale se pose : quel serait l’impact de cette technologie sur la production alimentaire mondiale ? Des scientifiques américains de l’université Rutgers et du National Center for Atmospheric Research (NCAR) ont cherché à répondre à cette question en simulant différents scénarios climatiques, avec ou sans SAI, pour différentes niveaux d’émissions de CO2. Ils ont examiné l’impact de ces scénarios sur les quatre principales cultures alimentaires mondiales : le maïs, le riz, le soja et le blé.

Le bilan de l’étude est mitigé. Brendan Clark, doctorant au département des sciences de l’environnement de Rutgers et principal auteur de l’étude, résume les résultats en indiquant que « aucun des 11 scénarios de réchauffement climatique ou de géoingénierie que nous avons analysés ne profite à tout le monde ». Les modèles informatiques ont révélé des différences significatives dans la productivité agricole en fonction de la position géographique des pays, soutient la même source.

La majeure partie de l’Afrique, certaines parties du Moyen-Orient

Selon l’étude, une intervention climatique de grande envergure visant à inverser significativement le réchauffement profiterait principalement aux régions tropicales, notamment le Mexique, l’Amérique centrale, les Caraïbes, la moitié supérieure de l’Amérique du Sud, la majeure partie de l’Afrique, certaines parties du Moyen-Orient, la majeure partie de l’Inde, toute l’Asie du Sud-Est, la majeure partie de l’Australie et la plupart des nations insulaires de l’Océanie.

En revanche, une pulvérisation modérée de soufre dans l’atmosphère, visant à stabiliser ou légèrement réduire les températures mondiales moyennes, favoriserait la production alimentaire dans les régions tempérées aux latitudes moyennes, qui incluent la plupart des grandes masses terrestres de l’Amérique du Nord et de l’Eurasie.

Cependant, il convient de noter que cette étude présente des limites importantes. Elle se limite à l’analyse de seulement quatre cultures alimentaires parmi la grande variété de denrées nécessaires à l’alimentation humaine. De plus, elle ne tient pas compte de l’adaptation des cultures aux conditions climatiques, des facteurs économiques ni de l’impact agricole majeur d’autres menaces pour la biodiversité, telles que les changements d’utilisation des sols, la surexploitation des ressources naturelles, les espèces envahissantes et la pollution.

Lili Xia, professeure à Rutgers et coauteure de l’étude, souligne les difficultés de définir des stratégies globalement optimales et conclut en affirmant qu’il est extrêmement compliqué de juger si l’intervention climatique est bénéfique ou nuisible. Elle exprime également son incertitude quant au moment où une décision sera prise à ce sujet, laissant planer des interrogations quant à l’avenir de la géoingénierie et à son impact sur la production alimentaire mondiale.

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