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Entre sécheresse et neige, les moutons résistent aux aléas climatiques

Après un automne marqué par une sécheresse intense dans l’ouest de l’Algérie, la neige a recouvert ces derniers jours plusieurs régions du pays, transformant les paysages des Hauts Plateaux. À Tiaret, en pleine steppe, des troupeaux de moutons ont été surpris par cet épisode neigeux, un contraste saisissant dans une région habituée à des conditions climatiques rigoureuses.

Malgré le froid, la neige est généralement perçue comme une bénédiction pour les agriculteurs. Contrairement à la pluie, sa fonte progressive permet une meilleure infiltration de l’eau dans le sol, favorisant le reverdissement des pâturages dès la fin de l’hiver. Pourtant, pour les éleveurs, cet épisode hivernal impose de nouveaux défis, notamment pour nourrir les troupeaux.

Dans les enclos grillagés, des centaines de moutons se rassemblent pour se protéger du froid. Bien que rustiques, ces animaux, en particulier les plus jeunes, nécessitent un apport suffisant de fourrage pour résister aux températures glaciales.

Selon Fattoum Lakhdari, agronome au Centre de recherche scientifique et technique sur les régions arides de Biskra, la résistance des moutons au froid varie selon les races. La race Ouled Djellal, réputée pour ses longues marches, est plus vulnérable aux grands froids comparée à la race El Hamra, appréciée pour sa robustesse en hiver.

Cette tolérance est largement due à leur toison, qui agit comme un isolant naturel. « Tant que leur laine n’est pas mouillée jusqu’à la peau, les moutons restent protégés », explique-t-elle. Toutefois, les agneaux nouveau-nés, plus fragiles, nécessitent souvent une attention particulière, allant jusqu’à un allaitement artificiel dans certains cas.

L’épisode neigeux met en lumière un autre problème majeur pour les éleveurs : la pénurie de fourrages, exacerbée par la récente sécheresse automnale. Cette situation a entraîné une hausse significative des prix de l’orge et du son de blé, rendant la recherche de pâturages plus fournis essentielle.

Dans les élevages transhumants, comme celui observé à Tiaret, les moutons sont transportés dans des camions aménagés, un signe que les éleveurs parcourent de longues distances pour subvenir aux besoins de leurs troupeaux.

Depuis plusieurs années, des initiatives de reboisement sont menées pour contrer le déficit fourrager. Le Haut-Commissariat au Développement de la Steppe (HCDS) et les services des Forêts ont introduit des arbustes fourragers, comme l’attriplex, dans des zones dégradées. À Laghouat, ces efforts ont permis d’améliorer la capacité des pâturages, augmentant la production fourragère par hectare et offrant un soutien crucial aux éleveurs locaux.

Cependant, le surpâturage et l’exploitation anarchique des ressources naturelles demeurent des obstacles majeurs. Pour Slimane Bencherif, spécialiste de la gestion des parcours steppiques, « l’individualisme croissant remplace progressivement le sentiment d’appartenance à une collectivité qui protège les ressources communes ».

Pour assurer la pérennité de l’élevage steppique, les experts plaident pour une gestion collective et durable des ressources, impliquant directement les éleveurs. Par ailleurs, la révision annoncée du code communal par le président Abdelmadjid Tebboune pourrait permettre de réinvestir une partie des ressources fiscales locales dans le développement des infrastructures agricoles.

Ces mesures viseraient à garantir des conditions de vie meilleures pour les troupeaux, tout en réduisant l’impact des aléas climatiques sur les éleveurs, pilier essentiel de l’économie des Hauts Plateaux algériens.

Source : El Watan.
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