Les marchés mondiaux du blé ont connu un revirement significatif en 2023 avec une chute marquée des cours de cette céréale. Cette évolution offre une opportunité stratégique à plusieurs pays importateurs, dont l’Égypte, qui envisage de réduire la valeur de ses achats.
Ali Moselhy, ministre de l’Approvisionnement en Égypte, a récemment révélé lors d’une interview accordée à Bloomberg le 28 janvier que le gouvernement n’a pas l’intention de mettre en œuvre une politique de couverture pour ses importations de blé dans le cadre de la campagne 2024/2025. Cette décision marque un changement par rapport aux années précédentes, où cette démarche était utilisée pour stabiliser les coûts d’importation face à des fluctuations du marché.
M. Moselhy a justifié cette décision en citant l’évolution actuelle des prix du blé, qui ont retrouvé des niveaux comparables à ceux d’avant la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Les cours du blé ont en effet enregistré une baisse significative de 20 % sur le Chicago Board of Trade (CBoT) en 2023. Cette tendance s’explique en grande partie par une production abondante en Russie et en Australie au cours de la campagne 2022/2023, ainsi que par la stabilité du commerce de la céréale dans la région de la mer Noire.
Cette décision stratégique du gouvernement égyptien revêt une importance particulière étant donné que le pays dépense annuellement plus de 2,5 milliards de dollars pour subventionner le pain en faveur de sa population. La dépendance de l’Égypte à l’égard du marché international pour plus de la moitié de son approvisionnement en blé, avec une demande annuelle d’environ 20 millions de tonnes au cours des dernières années, souligne l’impact potentiel de la baisse des prix sur les dépenses d’importation.
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Les réserves stratégiques actuelles de blé en Égypte, telles que rapportées par les autorités officielles, semblent suffisantes pour couvrir la demande sur le marché local au cours des quatre prochains mois. Cette embellie sur le marché du blé offre ainsi une marge de manœuvre au gouvernement égyptien pour réduire ses dépenses d’importation et alléger la pression sur le budget destiné à la subvention du pain, tout en maintenant la stabilité de l’approvisionnement alimentaire dans le pays.