L’Algérie lance un appel d’offres pour l’importation de maïs fourrager : vers une stratégie de réduction des importations agricoles ?
L’Algérie, par le biais de l’Office national de l’aliment de bétail (ONAB), poursuit sa politique d’importation massive de maïs fourrager, élément clé pour soutenir son secteur de l’élevage. En effet, ce mercredi, des négociants européens ont annoncé que l’ONAB avait émis un appel d’offres international pour l’achat de 320 000 tonnes de maïs en provenance d’Amérique du Sud, plus précisément d’Argentine ou du Brésil, d’après des sources relayées par l’agence Reuters. La date limite de soumission des offres est fixée au jeudi 3 octobre.
Selon les termes de cet appel d’offres, l’Algérie envisage jusqu’à huit envois distincts de maïs, dont trois seront expédiés en octobre et cinq supplémentaires entre le 1er et le 15 novembre. Ce nouvel achat fait suite à une série d’achats similaires, dont un récent appel d’offres clôturé la semaine dernière pour 240 000 tonnes de maïs.
L’importation de maïs est devenue une nécessité vitale pour le pays. Chaque année, l’Algérie importe environ 4 millions de tonnes de maïs pour satisfaire les besoins de son marché, notamment pour le secteur avicole, très dépendant de cet aliment essentiel pour la production de viande blanche. En 2021, Mohamed Betraoui, directeur général de l’ONAB, avait précisé que l’Algérie consacre 1,2 milliard de dollars à ces importations, incluant 4 millions de tonnes de maïs et 1,25 million de tonnes de soja.
Les prévisions de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estiment que le volume total des importations céréalières du pays (blé, maïs, orge) atteindra 14,1 millions de tonnes pour la campagne 2024/2025. Ces chiffres révèlent l’ampleur de la dépendance de l’Algérie vis-à-vis des marchés internationaux, malgré les efforts pour encourager une production locale accrue.
Lors d’un Conseil des ministres tenu en juillet, le président Abdelmadjid Tebboune a rappelé l’importance de réduire cette dépendance par le développement de la production nationale. Le chef de l’État a insisté sur la priorité à accorder à la culture du maïs, en particulier dans le sud du pays, en la replaçant comme une culture stratégique afin de réduire les importations. Cette stratégie est également étendue à d’autres céréales comme le blé dur et l’orge, avec l’ambition d’atteindre l’autosuffisance à très court terme.
L’autosuffisance dans ces secteurs est perçue comme une question de souveraineté nationale, souligne le président Tebboune. Il a également encouragé la reconversion des minoteries inactives vers la production de nourriture pour bétail, ce qui devrait avoir un impact positif sur le secteur de l’élevage, notamment la production de viandes.
Dans cette optique, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, a récemment lancé la campagne des labours-semailles pour la saison agricole 2024-2025 à Sétif. Il a révélé que 3,069 millions d’hectares seront consacrés à la culture des céréales cette saison, dont 1,069 million d’hectares pour le blé dur et 1,017 million pour l’orge. En parallèle, 4,2 millions de quintaux de semences certifiées seront distribués pour répondre aux besoins croissants des agriculteurs.
L’effort national pour accroître la production locale de maïs et de céréales est essentiel pour diminuer la facture des importations et renforcer la souveraineté alimentaire de l’Algérie. Toutefois, avec une demande toujours croissante et des infrastructures agricoles encore en développement, l’atteinte de ces objectifs reste un défi à relever dans les années à venir.