L’Algérie, engagée dans une dynamique de diversification économique pour échapper à la dépendance des recettes pétrolières, se tourne vers l’huile d’olive comme l’une des niches de l’avenir. Le Programme européen d’appui au secteur de l’agriculture (Pasa) croit en cette opportunité et investit dans le secteur. Le 13 décembre, à Sidi Aïch, à Bejaia, un laboratoire moderne d’analyse sera inauguré, marquant une étape cruciale dans le soutien à la filière oléicole locale.
Olivier Rives, chef du projet, a souligné l’importance du Pasa, déployé en partenariat avec le ministère algérien de l’Agriculture et du Développement rural. Non seulement le programme reste en place, mais il évolue avec l’introduction du Pasa Plus, visant à exploiter de manière optimale le potentiel de l’huile d’olive algérienne. L’objectif est de stimuler les exportations vers l’Europe et d’explorer de nouvelles opportunités avec des plantations en zone steppique.
Lors du lancement du Pasa en 2018, un diagnostic rapide a révélé des défis significatifs dans la chaîne de production d’huile d’olive. Un maillon faible a été identifié dans le segment de la récolte, de la collecte et du stockage, en particulier en raison de l’exode rural touchant les zones de montagne. Les oléiculteurs restants, principalement des femmes, sont confrontés à des difficultés liées à la gestion des vergers, entraînant des retards dans la trituration des olives.
En réponse, le Pasa a rapidement mis en place un vaste dispositif d’appui-conseil avec des conseillers déployés dans plusieurs wilayas, fournissant une expertise pour surmonter ces obstacles. Cette approche proactive vise à renforcer la filière oléicole algérienne et à la positionner sur la scène internationale.
Interrogé sur la façon dont les grands producteurs algériens peuvent accéder aux marchés mondiaux, notamment en France, Olivier Rives a souligné le manque de grands producteurs en Algérie. Il a noté que le marché mondial de l’huile d’olive connaît une transformation rapide, marquée par l’effondrement de la production espagnole, le leader mondial.
Trois options ont été présentées pour la mise en marché des opérateurs algériens. La première consiste à produire du vrac stocké sous atmosphère contrôlée, une option sans une valeur ajoutée excessive. La deuxième implique une intégration avec des firmes françaises ou tunisiennes, tandis que la troisième, plus audacieuse, propose la création de grandes marques collectives territoriales sous le label Algérie, avec le soutien des pouvoirs publics.
Cette dernière option, jugée possible grâce à l’organisation croissante de la filière oléicole algérienne et au contexte climatique actuel, a été encouragée par le Pasa. Le programme a contribué à identifier les marchés grâce à des études de consommation et a facilité la participation de quinze moulins au Salon international agroalimentaire de Paris, sous la bannière commune « Sélection d’huile d’olives d’Algérie. »
Le Pasa émerge comme un acteur clé dans la transformation de la filière oléicole algérienne, ouvrant des perspectives prometteuses pour l’économie du pays et positionnant l’huile d’olive algérienne sur la scène mondiale.