Pour les spécialistes de l’agro-écologie, le palmier dattier transformé en oasis peut protéger les cultures algériennes.
Des spécialistes algériens de l’agriculture ont déclaré, mercredi 20 Avril 2022, que l’agriculture oasienne est un élément important pour garantir la sécurité alimentaire et pour permettre un essor économique du pays.
En effet, Fatoum Lakhdari, agronome et écologiste, a fait comprendre que les palmerais pouvaient servir de cadre pour cultiver des produits alimentaires, et couvrir ainsi les besoins alimentaires des populations. C’était lors d’une journée d’étude, qui a eu lieu à l’Institut national des études de stratégie globale (INESG), et centrée sur l’agriculture oasienne, comme levier essentiel pour un développement stable.
Pour cette spécialiste, si l’Etat veut garantir la sécurité alimentaire, il faut absolument considérer les dattes comme un produit stratégique, en plus de la réduction du taux des importations et la répartition équitable des populations sur les terres locales.
Mme Lakhdari a justifié ses propos par les nombreuses possibilités qu’offre la culture du palmier dattier. En plus de la diversité des dattes qu’on peut cultiver, elle cite entre autres le fait de pouvoir cultiver d’autres aliments de bonne qualité autour des dattes, et avec l’écosystème économique autour de cette culture qui offre des possibilités de création d’emplois.
De son côté, l’expert Brahim Zitouni a souligné que les dattes pourraient être l’épine dorsale de tout le système agricole algérien. Ainsi, M. Zitouni propose de copier le modèle oasien, dans le but de protéger les cultures algériennes contre les fortes expositions au soleil et les évaporations importantes, en se servant de l’ombre des palmiers dattiers.
Selon lui, l’utilisation du palmier dattier pour construire un système d’oasis est performante et durable. Par conséquent, Brahim Zitouni encourage l’élargissement des espaces oasiens à la hauteur des multiples possibilités de transformation industrielle des dattes et des biomasses, telles que les acides citriques nécessaires à la fabrication des boissons à gaz, ou les acides glucuroniques utilisés dans des produits pharmaceutiques, les produits alcoolisés, les levures et le sucre. Pour cela, l’expert demande de quadrupler ou même de quintupler le nombre d’oasis.
Les gains de l’exportation du sucre liquide obtenu à partir des dattes pourraient servir à supporter le coût du sucre de canne importé.
Il a ensuite démontré que son idée pourrait permettre à la balance commerciale des dattes de se stabiliser. En effet, l’argent de l’exportation de 1 200 000 tonnes de sucre extrait de dattes moins consommées par la population pourra être utilisé pour importer le sucre de canne.
A son tour, Abderrahmane Benkhalifa, spécialiste de la culture du palmier dattier, a encouragé le développement des nouvelles espèces de dattes comme la « Muludiyah », dont la révélation a eu lieu l’année dernière. En outre, il n’a pas manqué de rappeler les avantages attachés au développement et à la réhabilitation des variétés de dattes devenues rares.
Par ailleurs, Abderrahmane Benkhalifa a prôné des variétés aux vertus telles que l’Aggaz, qui mûrit en juin, et le « Taqerbucht », qui a une très bonne résistance face aux champignons bayoudh.
Le patron du Programme alimentaire mondial (PAM) en Algérie, Robert Bachofer, invité à cette journée de recherche, a souligné l’importance d’un regard humain sur la réussite de l’oasis, par un intéressement de la population pour ce projet. C’était en présence du conseiller économique du président de la République, Yacine Ould Moussa.
Dans son allocution, Abdelaziz Medjahed, Directeur général de l’Institut national des études de stratégie globale (INESG), a souligné l’importance pour l’Algérie d’exploiter son énorme potentiel, en vue de garantir son autosuffisance et sa sécurité alimentaire. Il a ajouté que ce rendez-vous est en prélude de la conférence nationale qui aura lieu en mai prochain.