Les transferts de fonds des travailleurs expatriés constituent une source cruciale de devises pour de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA). Selon les données de la Banque mondiale pour l’année 2024, l’Algérie figure parmi les dix principaux pays arabes bénéficiaires de ces envois d’argent, avec un total de 1,94 milliard de dollars.
L’Algérie en retrait par rapport à ses voisins
L’Algérie se positionne ainsi au septième rang dans la région, derrière la Tunisie (2,8 milliards de dollars), mais loin derrière les champions des transferts de fonds. L’Égypte domine largement avec 22,7 milliards de dollars, suivie du Maroc (12 milliards) et du Liban (5,8 milliards). Viennent ensuite la Jordanie (4,8 milliards) et le Yémen (3,8 milliards), deux pays où ces flux constituent un véritable pilier économique.
Derrière l’Algérie, on retrouve le Qatar (1,5 milliard de dollars), le Soudan (1 milliard) et l’Irak (879 millions), complétant ainsi le classement des dix premiers bénéficiaires de la région.
Si ces chiffres confirment l’importance des fonds envoyés par la diaspora algérienne, ils révèlent aussi une réalité économique plus nuancée. Contrairement à des pays comme l’Égypte, où ces transferts sont vitaux pour l’équilibre des réserves de change, l’Algérie reste moins dépendante de ces flux financiers. Grâce à ses exportations d’hydrocarbures, qui constituent l’essentiel de ses revenus en devises, le pays n’a pas la même urgence que ses voisins à capter ces fonds.
À l’échelle mondiale, les transferts de fonds vers les pays à revenu faible ou intermédiaire ont atteint 685 milliards de dollars en 2024. L’Inde arrive en tête avec 129,1 milliards, suivie du Mexique (68,2 milliards), de la Chine (48 milliards) et des Philippines (40,2 milliards). Seule l’Égypte figure parmi les dix premiers récipiendaires mondiaux, soulignant l’importance stratégique de ces flux pour certaines économies arabes.
Une stratégie pour attirer plus de fonds
Consciente du potentiel sous-exploité de sa diaspora, l’Algérie cherche à améliorer les conditions de transfert d’argent. L’ouverture récente de la Banque Extérieure d’Algérie Internationale en France, validée par la Banque centrale européenne en janvier 2025, représente une avancée importante pour sécuriser et fluidifier ces transactions.
D’autres réformes, telles que la modernisation du secteur bancaire et la promotion des transferts numériques, sont également en cours. Toutefois, pour rivaliser avec les autres pays de la région, l’Algérie devra aller plus loin en renforçant les incitations fiscales et en simplifiant les procédures administratives.
Avec une diaspora importante, notamment en France, l’Algérie dispose d’une marge de progression considérable en matière de transferts de fonds. Reste à savoir si les mesures mises en place suffiront à convaincre les expatriés d’utiliser davantage les circuits bancaires officiels et à renforcer leur contribution au développement économique du pays.
Et l’agriculture dans tout cela ? Les investissements de la diaspora algérienne pourraient enfin permettre au secteur de continuer à croitre alors que le potentiel du pays reste énorme. Le transfert de fonds reste un enjeu majeur dans de nombreux pays et l’Algérie pourrait tirer son épingle du jeu au vu de sa communauté importante vivant à l’étranger.