L’Algérie met en œuvre une stratégie ambitieuse pour revitaliser la filière de l’élevage et augmenter la production de viande rouge, conformément aux directives du président Abdelmadjid Tebboune.
Ce plan vise à réduire la dépendance du pays aux importations, tout en garantissant la sécurité alimentaire et en valorisant les ressources locales. Cependant, cette relance se heurte à de nombreux défis économiques, environnementaux et structurels.
Le recensement national de 2022-2023 a révélé un recul significatif du cheptel, aujourd’hui évalué à 21,7 millions de têtes, dont 17,3 millions de moutons. Parmi ces derniers, 13 millions de brebis, pourtant essentielles à la reproduction, sont fréquemment abattues illégalement. Le cheptel bovin n’est pas en meilleure posture, avec seulement 525 000 vaches laitières, un chiffre insuffisant pour répondre aux besoins nationaux en viande et produits laitiers. Cette situation est aggravée par des sécheresses récurrentes, qui ont réduit les pâturages et entraîné une pénurie de fourrages.
Face à cette réalité, le président Tebboune a annoncé un plan de relance visant à stabiliser la filière et à doubler le cheptel national. Ce plan mise sur des mesures concrètes, notamment la réduction des importations et l’exploitation optimale des ressources locales, comme le maïs et les résidus des usines d’huiles à Jijel. Le chef de l’État a déclaré : « L’importation simultanée d’aliments pour bétail et de viandes est tout simplement inacceptable », rappelant l’importance de trouver des solutions locales.
En décembre 2024, une commission nationale dédiée à la production de viandes rouges a été créée. Regroupant des représentants d’organisations agricoles, d’experts en insémination artificielle et d’instituts vétérinaires, cette commission a pour mission de concevoir des solutions adaptées aux enjeux actuels.
Le plan national inclut l’aménagement de 3 millions de réserves pastorales et la création de 430 000 hectares de plantations fourragères. Ces initiatives visent à accroître la productivité des pâturages, avec un objectif de rendement atteignant 200 unités par hectare dans les zones protégées et 600 unités dans les zones reboisées. L’aménagement de puits pastoraux et le soutien à la production de céréales comme l’orge et le son font également partie des priorités.
Par ailleurs, des pôles d’excellence pour la production de viande rouge ont été mis en place dans des régions stratégiques comme Djelfa, Oum El Bouaghi et El Bayadh. Ces zones accueillent des abattoirs modernes et bénéficient d’un soutien spécifique pour optimiser l’élevage et la transformation.
Le président Tebboune insiste sur l’importance de décentraliser les prises de décisions en impliquant directement les acteurs locaux, notamment les éleveurs, afin de concevoir des solutions adaptées à chaque région. « Il ne faut pas limiter les décisions au siège du ministère de l’Agriculture à Alger », a-t-il affirmé. Les steppes, qui abritent 80 % du cheptel national, jouent un rôle central dans cette stratégie. Ces zones bénéficient de programmes spécifiques pour améliorer la gestion des pâturages et réduire le déficit en fourrage.
À lire aussi: Une récolte prometteuse de pommes de terre d’arrière-saison dans la wilaya de Djelfa
Avec ces initiatives, l’Algérie espère inverser la tendance et devenir un acteur majeur, non seulement dans la production, mais aussi dans l’exportation de viande rouge.