L’Algérie fait face à une situation paradoxale dans le secteur agricole. Alors que la production locale de fruits et légumes est abondante, les prix sur les marchés ne cessent d’augmenter, pénalisant les consommateurs déjà touchés par une baisse de leur pouvoir d’achat. À l’occasion de la première édition de la Foire nationale des fruits et légumes, tenue du 3 au 5 octobre au Palais des expositions, les autorités ont renouvelé leur engagement à résoudre cette problématique, tout en mettant en avant les opportunités qu’offre l’exportation.
Le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni, a profité de cet événement pour réitérer les efforts déployés pour limiter la spéculation, un fléau qui continue de perturber le marché. Il a annoncé l’ouverture de sept marchés saisonniers dans cinq wilayas du pays pour réduire le nombre d’intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs. Ces structures, dont un premier marché a déjà été installé à Bordj Menaïel en août dernier, visent à proposer des produits à des prix raisonnables. « Ces marchés permettront de répondre aux besoins du marché tout en réduisant les marges imposées par les intermédiaires », a souligné Zitouni.
La spéculation reste un obstacle majeur à la stabilisation des prix, malgré la disponibilité des produits agricoles. Cette situation est exacerbée par un manque de capacités de stockage, empêchant la régulation efficace des excédents de production. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, a évoqué l’importance de renforcer les infrastructures de stockage afin d’assurer une offre stable tout au long de l’année et d’éviter les fluctuations de prix. « Il est essentiel d’augmenter les capacités de stockage pour répondre à la demande nationale et envisager l’exportation en cas d’excédent important », a-t-il déclaré.
M. Cherfa a également salué les foires et salons dédiés à la production agricole locale, comme des vitrines de valorisation des capacités productives du pays. Selon lui, ces événements sont des plateformes permettant de « jeter les ponts de communication entre opérateurs économiques » et d’encourager l’exportation des produits algériens. Grâce à des conditions climatiques favorables et au soutien des autorités en matière de semences et d’engrais, l’Algérie parvient à maintenir une production agricole constante tout au long de l’année, dans diverses filières.
L’exportation des produits agricoles est un axe de développement prioritaire pour les autorités, comme l’a souligné Tayeb Zitouni, qui a noté « le grand engouement suscité par les produits algériens à l’étranger », notamment grâce à leur promotion sur les réseaux sociaux. Ce Salon, organisé par la Chambre nationale de l’agriculture (CNA), a réuni 160 exposants, représentant coopératives, associations et entreprises publiques et privées. La vente directe aux consommateurs était également au programme, une initiative visant à rapprocher encore davantage le producteur du client final et à réduire les coûts liés à la chaîne de distribution.
Dans ce contexte, les autorités entendent poursuivre leurs efforts pour réformer la commercialisation des produits agricoles en Algérie. Entre gestion des excédents et lutte contre la spéculation, le secteur agricole demeure un levier essentiel pour stabiliser l’économie et ouvrir de nouvelles perspectives sur les marchés internationaux.