Le village de Sidi Ayad, niché dans les montagnes, a récemment été le théâtre d’un événement agricole d’importance : la 2e édition du Salon de l’agriculture de montagne. Organisé par l’association « Défis pour la solidarité et le développement », en collaboration avec la DSA de la wilaya et la subdivision de l’agriculture de la daïra de Sidi Aïch, cet événement a réuni agriculteurs, chercheurs et passionnés autour d’une question cruciale : la préservation et l’utilisation des semences locales.
Au cœur des discussions, Sadek Amar, ingénieur en agronomie et président de l’association de développement de l’agriculture de montagne de Fénaia (El Kseur), a attiré l’attention avec son exposition de pas moins de 37 variétés de semences paysannes de tomates, sur un total de 201 variétés de sa collection. Dans une interview exclusive à El Watan, il partage son engagement et son plaidoyer pour la valorisation des ressources locales.
« Je crois qu’il est urgent aujourd’hui de faire sortir et d’identifier nos ressources qui sont dans les terroirs et les valoriser », explique-t-il. « Ces dernières sont les mieux adaptées à notre environnement climatique et géologique, ce qui les rend plus résilientes aux changements climatiques. »
L’importance de ces semences paysannes ne se limite pas à leur adaptabilité environnementale. Elles offrent également des avantages indéniables en termes de santé et de biodiversité. « Elles sont plus naturelles, permettant ainsi aux citoyens algériens de consommer des produits sains et savoureux », souligne toujours à la même source, Sadek Amar. « De plus, elles renforcent la biodiversité et représentent un bien patrimonial commun de l’humanité. »
La question de la sécurité alimentaire et de la souveraineté nationale est également au cœur des préoccupations. « La récente guerre entre la Russie et l’Ukraine a mis en lumière la gravité de la dépendance de chaque pays vis-à-vis des importations, menaçant ainsi leur sécurité alimentaire », ajoute-t-il. « Face à cette réalité, il est impératif de promouvoir l’utilisation des semences locales pour préserver notre indépendance agricole. »
L’initiative de Sadek Amar ne se limite pas à la simple collecte et exposition de semences. Il œuvre également à la création de nouvelles variétés adaptées au terroir local. « Nous avons opté pour ce type de semences car elles possèdent des caractéristiques de précocité et de croissance rapide », explique-t-il. « Certaines sont introduites et nous les adaptons au terroir, tandis que d’autres sont le fruit de croisements et de recherches menées localement. »
L’utilisation de ces semences paysannes offre aux agriculteurs une opportunité unique de s’autonomiser du marché tout en favorisant les échanges et le troc entre eux. « Elles permettent aux paysans de faire des économies en eau et en dépenses d’achat de semences et de produits phytosanitaires », précise Sadek Amar.
Pour étendre cette initiative et promouvoir davantage l’utilisation des semences locales, Sadek Amar préconise la mise en place de banques de semences communautaires ou locales. « Il est essentiel d’impliquer les paysans, les citoyens, les acteurs associatifs et les autorités locales dans la préservation in situ de notre patrimoine semencier », conclut-il. « C’est la meilleure méthode pour assurer la sauvegarde de notre biodiversité et garantir notre sécurité alimentaire à long terme. »