Rapatriés en France à partir du port d’Alger, après un imbroglio sur leur statut sanitaire, près de 800 taurillons vont être euthanasiés
Environ 800 jeunes taureaux sont restés bloqués au port d’Alger pendant plus de deux semaines, après avoir quitté Sète dans un bateau. Tous les animaux seront euthanasiés après leur rapatriement en France, suite à un différend avec les autorités algériennes concernant l’état de santé des bêtes. Une affaire qualifiée de scandale par l’association Welfarm, qui a révélé l’incident.
En effet, l’ Algérie a interdit le débarquement sur son territoire de ces 780 bovins, le 3 septembre 2022, deux jours après le départ du bateau du port de Sète.
Certificats de santé, vaccinations et malentendus !
Pour identifier la source du problème, le ministère français de l’Agriculture a pointé du doigt une mauvaise interprétation de l’état de santé de trois animaux. En effet, ces taureaux bien portants avaient reçu leur vaccination contre la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR). Cependant, la mention ‘’IBR positif’’ était marquée dans la documentation jointe à leur certificat d’exportation Cerfa, ce qui pouvait amener les autorités algériennes à penser que les bêtes avaient le virus. Bien que cela ait en fait confirmé la vaccination.
Ainsi, « pour des raisons réglementaires », l’Algérie n’a pas accepté l’entrée sur son territoire de ces animaux, et ce, malgré les explications de la France.
‘’La France assure qu’elle n’a pas violé le certificat d’exportation qui a permis au bateau de quitter Sète.
D’autant plus que ça fait longtemps que la France exporte beaucoup de bétail vers l’Algérie, et la documentation vétérinaire est la même, de sorte qu’il ne peut pas y avoir de problème à interpréter le statut sanitaire. Cette situation est une surprise. Cependant, si les responsables sanitaires d’Alger ont réfoulé l’envoi, c’est qu’elles avaient des raisons valables ou des soupçons, parce que cette affaire est étonnante’’, selon Judith Dei Rossi, chargée des affaires juridiques Welfarm, à France 3 Occitanie.
Cependant, une visite et une analyse vétérinaires sont prévues, selon le ministère français de l’Agriculture, qui a informé que le bateau Nader A stationnait près du port de Sète, ce jeudi 22 septembre 2022.
Pour avoir consommé du foin algérien, 780 taurillons seront abattus
Après de vains débats, la France décide de faire retourner le bateau et d’abattre les 780 bêtes, car, pendant leur séjour, ils ont été nourris de foin algérien, fourrage provenant d’un pays endémique à la fièvre aphteuse, une autre maladie animale.
Cependant, le gouvernement explique que le risque de contamination est très faible mais ne peut être négligé. Ainsi, pour la prudence sanitaire, il ne faut surtout pas laisser cette maladie arriver en Europe.
Par ailleurs, selon sa déclaration, faite le soir du mercredi 21 septembre 2022 à l’AFP, la responsable de l’ONG de protection des animaux Welfarm, Adrienne Bonnet, doute que ce problème soit dû au risque de contamination par la fièvre aphteuse. Elle pense plutôt qu’il y avait un risque de contracter la maladie IBR dans le bateau.
La mort de plusieurs animaux à quai
Les autorités françaises ont ignoré les exigences sanitaires pour autoriser ce transport d’animaux, et sont responsables de la mort d’une trentaine de bêtes à quai à Alger, selon les accusations de l’association, mardi 20 septembre 2022.
Le ministère, quant à lui, a déclaré qu’il n’y avait aucune information indiquant des problèmes spécifiques de santé animale, indiquant que le bateau était immatriculé et soumis à une inspection par les services français, lors de son départ de Sète.
Par ailleurs, l’association a également condamné le départ du bétail sur une barge à ordures battant pavillon togolais, en service depuis 45 ans, et où une inspection menée en mars a révélé 16 défauts de sécurité à bord.
D’autre part, des ONG militant pour une interdiction dans les pays hors Union européenne estiment que les scandales à répétition montrent les lacunes de la réglementation européenne sur le transport d’animaux vivants.
De ce fait, exportant 1,5 million de bovins sur pied chaque année, faisant ainsi d’elle le leader européen des producteurs de viande bovine, la France n’a donc pas l’intention d’arrêter leur transport, mais souligne que des pourparlers pourraient avoir lieu, afin de discuter de changements réglementaires, s’il y a révision des lois européennes sur le bien-être animal en 2023.