Quid de la relance du colza en Algérie ? par Djamel BELAID.
Pour la deuxième année consécutive, les services agricoles incitent les agriculteurs à semer du colza. L’opération est coordonnée par l’Institut Technique des Grandes Cultures. Après un objectif de 3 000 hectares l’an passé, la campagne actuelle vise plus.
Afin d’encourager les agriculteurs à se lancer dans cette nouvelle culture, le prix d’achat du quintal de colza par les Coopératives de Céréales et de Légumes Secs (CCLS) a été fixé à 9 000 DA contre 7 500 DA l’année passée. Pour cette campagne, l’objectif des services agricoles est d’arriver à plusieurs dizaines de milliers d’hectares. Les semences utilisées viennent en partie de Basf. Il s’agit de variétés Clearfield de type Invigor.
Dès septembre, dans les CCLS et les Coopératives agricoles de services (Cassap) les sacs de semences s’entassaient sur les palettes à côté des bidons d’herbicides et d’adjuvants qui leur sont spécifiques. L’expérience de la première année de culture a été jugée globalement positive par les services agricoles. Si certaines exploitations n’avaient atteint que 15 quintaux par hectare, d’autres avaient atteint 37 quintaux. Un cadre de l’ITGC avait évoqué un rendement national moyen de 20 quintaux par hectare.
Signe de la volonté de réussir le projet, des lames de coupes verticales spécifiques pour la récolte de colza ont été importées. En attente d’un bilan des surfaces emblavées en colza, force est de constater la multiplication de champs de colza en fleurs. Que ce soit les techniciens de terrain de l’ITGC ou des technico-commerciaux de Basf, un encadrement de terrain se met progressivement en place.
L’opération est étendue au grand sud où on peut voir en plein désert des champs de colza en fleur sous pivot d’irrigation
L’opération est même étendue au grand sud où on peut voir en plein désert des champs de colza en fleur sous pivot d’irrigation. En 2020, les graines produites localement avaient été acheminées à El-Hamoul (Oran) où la filiale AGC du groupe Semoulerie Industrielle de la Mitidja (SIM) dispose d’une unité de trituration et de raffinage.
Cette unité avait permis la mise en bouteille des premiers litres d’huile de colza produits en Algérie. Certes, il s’agissait de quelques milliers de litres, une infime partie des besoins nationaux. « A peine de quoi faire tourner durant deux jours l’usine » confiait un cadre de l’entreprise. L’usine d’El Hamoul est issue d’un partenariat avec le groupe français Avril et elle est principalement approvisionnée à partir de graines de soja importées.
Les capacités de trituration de l’usine permettent d’approvisionner en huile brute les ateliers de raffinage de plusieurs autres entreprises spécialisées dans le raffinage et d’arrêter les importations d’huile brute de ces dernières années. Face à la facture des importations et à la crise ukrainienne, pour les pouvoirs publics l’augmentation de la production locale est devenue une urgence.
Ce défi concerne également la Tunisie et le Maroc où depuis 2014 des programmes de relance de la culture du colza et du tournesol sont en cours. Ces programmes font appel à l’expertise de techniciens étrangers à travers les filiales locales du groupe français Avril fortement investi dans la région.
Le Maroc et la Tunisie importent massivement des semences européennes et bénéficient d’un soutien financier et technique de l’Union Européenne dans le cadre du programme Maghreb Oléagineux auquel n’adhère pas à ce jour l’Algérie.
L’EXPERT
Djamel BELAID est ingénieur agronome, spécialisé en vulgarisation des techniques innovantes. Il est l’auteur de « L’Agriculture en Algérie. Ou comment nourrir 45 millions d’habitants en temps de crise. » que vous pouvez commander en cliquant ici. |