La faiblesse des précipitations menace l’agriculture et l’approvisionnement en eau potable en Algérie.
Comme le Maroc, l’Algérie fait actuellement face à la rareté des précipitations. Une situation qui inquiète le monde agricole, mais aussi les ménages avec l’approvisionnement en eau potable.
Une situation critique surtout quand on sait que l’Etat rationne déjà certaines régions, où les habitants ne peuvent disposer de l’eau qu’à des heures précises.
Taux de remplissage national à une moyenne de 36.24 % en décembre
Depuis maintenant 4 saisons, la sécheresse sévit intensément en Algérie, du fait de la faiblesse des pluies. L’Etat s’inquiète du faible taux de remplissage des barrages, et ce, malgré les tombées de neige et les précipitations enregistrées dans plusieurs régions du pays depuis l’automne et qui ont fait monter le taux de remplissage national à une moyenne de 36.24 % en décembre.
Depuis la fin de l’année 2021, jusqu’au mois de mars, le niveau de remplissage des barrages n’a pas progressé et connaît à peine une hausse de 2 %, soit 37.66 %.
Le gouvernement projette de réaliser 700 forages
Pour pallier la situation de stress hydrique, le gouvernement reste dans l’attente d’un miracle ces prochaines semaines pour remplir les barrages d’ici le début de l’été. À cet effet, il est prévu de réaliser des forages et de renforcer le rationnement de l’eau déjà en cours dans le pays. Le constat est que l’Etat ne dispose pas d’une politique de l’eau bien ficelée pour juguler la demande sans cesse croissante.
Le gouvernement projette de réaliser 700 forages et confie la réalisation de 1 200 autres à des institutions tierces. Sur ce nombre, 320 sont déjà mis en service par les autorités et 577 autres sur les 1 200 comme solution urgente.
La prise de conscience du problème d’eau en Algérie remonte aux années 2000. Pour contrer cela, l’Etat avait lancé plusieurs projets d’installations d’usines de dessalement d’eau sur la côte méditerranéenne, des forages et explorations des nappes phréatiques. Selon la stratégie gouvernementale, le pays devrait poursuivre sur cette lancée, même si l’option du traitement des eaux usées semble oubliée.
Quoi qu’il en soit, aucune de ces solutions ne semble pouvoir éviter une nouvelle crise de l’eau potable en Algérie, notamment pendant les prochains mois. Les populations redoutent d’autant plus cette situation, car la crise de l’eau en 2021, s’était répercutée sur l’Aid El Kebir, qui avait eu lieu dans des conditions difficiles pour certaines familles. La saison estivale avait été marquée par des mouvements de protestation de la population, notamment à cause du rationnement très strict des autorités. Il est même arrivé que certaines régions et villes restent sans eau pendant plusieurs jours alors que d’autres étaient rationnées à raison d’un jour sur deux.
D’après le seuil théorique de rareté de l’eau déterminé par la Banque Mondiale à 1000 m3/habitant/an, l’Algérie se situe largement en dessous avec son climat semi-aride. Selon le professeur algérien Ahmed Kettab, le pays ne parvient pas à mobiliser plus de 12.3 milliards de m3 en termes d’eaux superficielles. Ce qui correspond à un volume annuel de 280 m3/habitant/an.
Il ajoute également qu’avec la mobilisation des eaux de barrages, des ressources en eaux souterraines du Nord et du Sud et du dessalement de l’eau de mer, l’Algérie parvient à disponibiliser 18.2 milliards de m3/an, soit 450 m3/habitant/an contre 1 500 m3/habitant/an obtenu en 1962.
Lors de cette interview accordée au média Liberté Algérie, l’expert déclare que la stratégie nationale de développement du secteur de l’eau potable en Algérie est dépassée et limitée dans sa gestion de la situation. Il estime qu’il faudra réviser la politique de gestion actuelle et intégrer les 1 600 km de côtes du pays qui profiterait à 80 % de la population vivant à 300 km de la côte.