L’importation des vaches laitières permettrait de pallier la régression de la production de lait.
L’importation des vaches laitières apparaît comme la solution ultime pour résoudre le problème de production de lait en quantité suffisante en Algérie. Le nombre de génisses étant insuffisant, le pays ne parvient pas à répondre aux besoins nationaux et à combler le déficit en production. D’où la nécessité d’introduire au sein de la filière ces bêtes à partir de fournisseurs étrangers.
En effet, depuis quelques décennies, le cheptel bovin connaît une recrudescence telle qu’il n’est plus possible de répondre à la demande nationale. L’Algérie consomme quelque 5 milliards de litres de lait par an, alors que le pays ne parvient à produire que 500 à 800 millions de litres annuellement. Ce qui représente un déficit considérable compensé par des opérations régulières d’importation de poudre de lait.
En effet, la consommation moyenne de lait en Algérie est de 130 litres de lait par habitant dans l’année, soit pratiquement le double des pays voisins, contre une moyenne mondiale de 90 litres par habitant annuellement. Il s’avère donc indispensable de disposer de pas moins de 760 000 vaches laitières pour répondre aux besoins de la population, d’après les estimations des experts.
Ces derniers ont animé une conférence autour de ce produit stratégique, en marge du salon de l’agriculture Sipca, organisé à la Safex. Pour ces experts, pour éviter le recours au marché international de poudre avec toutes les perturbations en matière de disponibilité et surtout de la hausse des prix, l’importation des génisses laitières est l’unique solution.
En effet, le prix de la tonne de poudre de lait est passée en quelques mois seulement de 2 600 à 3 600 dollars, soit une augmentation de 1 000 dollars. Une hausse contre laquelle l’Office national interprofessionnel du lait (Onil) ne peut rien faire et qui impacte directement les finances du pays en faisant chuter ses réserves en devises.
Il faut savoir que l’Algérie importe en moyenne 400 000 tonnes par an de cette matière première, qui est rappelons-le subventionnée par l’Etat, en vue de pallier au déficit de la production locale. Cette quantité de lait importée est par ailleurs principalement destinée aux laiteries pour la production du lait en sachet.
“Un investissement de 500 millions de dollars dans l’élevage de vaches laitières permettrait d’atteindre l’autosuffisance en cette matière première sur les trois prochaines années.”
Selon Abdelwahab Ziani, le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), un investissement de l’ordre de 500 millions de dollars dans l’élevage des vaches laitières permettrait d’obtenir plus de deux millions de génisses et on pourrait ainsi atteindre l’autosuffisance en matière première au cours des trois prochaines années.
Pour cela, l’Etat devra assurer plus de 250 000 tonnes d’aliments pour bétail produite sur une surface irriguée de près de 100 000 hectares. Ce résultat n’a pu être atteint jusqu’à présent, car au courant de l’année 2021, la production de la filière laitière de lait a excédé les 3.4 milliards de litres, avec seulement 900 millions de litres de lait de vache produits localement. En outre, la décision des pouvoirs publics de poursuivre la subvention du prix du lait pasteurisé en sachet à 25 DA est acceptable et bénéficie aux citoyens à faibles revenus, à condition bien sûr qu’ils revoient ce soutien des prix en amont de la production qui ne cesse d’augmenter.
En effet, les matières premières connaissent une hausse continue sur les marchés internationaux. Et le lait en poudre ne fait pas exception avec un prix local affiché à 600 DA le kilogramme il y a à peine trois mois, mais qui avoisine aujourd’hui les 800 DA.
Une hausse qu’on observe également au niveau du sachet en plastique servant au conditionnement du litre de lait pasteurisé (LPC) subventionné à 25 DA, précédemment vendu à 1 DA et qui aujourd’hui est à plus de 3 DA. A cela s’ajoute l’augmentation des prix des intrants, ce qui porte le prix réel du LPC d’un litre à 31 DA.
Toutefois, il faut que le prix à la sortie de l’usine soit de 23.35 DA pour espérer une vente à 25 DA. La question est de savoir qui paiera le différentiel ou encore qui assumera toutes ces augmentations. Quoi qu’il en soit, les laiteries ne peuvent continuer à produire et plusieurs d’entre elles travaillent à perte depuis plusieurs mois.