Des spécialistes en agriculture proposent une solution pour une gestion rationnelle et rigoureuse de l’eau d’irrigation.
Face à la crise soulevée par la rareté des pluies sur le sol Algérien, des spécialistes réfléchissent aux moyens d’instaurer une gestion rationnelle et rigoureuse de l’eau à destination de l’irrigation. Ces spécialistes en agriculture appellent les céréaliculteurs à employer de nouvelles méthodes et de nouvelles techniques d’ensemencement.
Le Dr Hadjira Abdelaoui, enseignante à l’Université Belhadj-Bouchaïb et spécialiste en agriculture recommande un changement de l’itinéraire technique avec une nouvelle expérience, celle du semis direct qui a été éprouvée en 2010 sur la culture des pois chiches dans la wilaya de Aïn Témouchent et qui avait donné d’excellents résultats. Le semis direct est une méthode d’ensemencement sans aucun travail préalable de la terre. Elle comprend donc une seule opération qui est celle des semis.
Elle a également mentionné l’agriculture de conservation, qui consiste à laisser ce qu’on appelle la part de la terre après chaque moisson. Dans une opération de semi direct, étant donné que le sol n’a pas été préparé, il faudrait que le semoir prépare bien le lit de semence et assure un bon contact de la semence avec le sol. Selon l’enseignante, le phénomène de récupération de la totalité du foin et du fourrage après récolte doivent cesser, cela laisse une terre nue avec disparition de la matière organique.
Par ailleurs, il faudrait dès à présent trouver le moyen de rationaliser l’eau destinée à l’irrigation.
De son côté, Lahbib Dardek, ingénieur agronome déclare que le problème majeur de l’agriculture, ce n’est pas la sécheresse, car il est toujours possible de produire, mais plutôt celui de la maîtrise du sol.
Il précise également que les sols algériens sont menacés sans que personne n’y prennent garde. Selon lui, il faudrait revoir le système conventionnel utilisé depuis les années 40 avec la création des tracteurs et des charrues, le système pédagogique devrait s’adapter aux défis actuels. Pour lui, il est important d’actualiser la science et le semi direct est une technique qui permettra une amélioration significative des réserves utiles d’eau dans le sol et qui permettra d’améliorer progressivement la perméabilité et la porosité du sol.
Dardek Lahbib explique que le semi direct permettra de préserver les zones où il y a le maximum d’eau phréatique et par conséquent de faire face à la pénurie de la pluviométrie annuelle. En cas de sécheresse, on observe un renversement du mouvement vertical de l’eau à partir du fond vers la surface, ce qui est profitable pour les plantes, explique-t-il.
“Le semis direct est une technique d’ensemencement qui améliore la biologie du sol, notamment en ce qui concerne l’association symbiotique des cultures céréalières et du mycorhize.”
L’ingénieur agronome se vante également d’avoir réalisé une expérience réussie de semi direct au cours de cette année au niveau d’une parcelle de 7 hectares d’orge à aïn Témouchent, située à proximité de l’Itma. Cela sans travail du sol, sachant que la parcelle n’a pas été cultivée pendant deux ans et qu’elle se porte très bien actuellement.
Il assure qu’avec le temps, les résultats seront encore meilleurs. L’objectif final de la technique du semis direct est d’améliorer la biologie du sol, notamment en ce qui concerne le mycorhize qui est l’association symbiotique entre des champignons et les racines des plantes, comme les céréales (blé dur, blé tendre, orge, maïs, soja, etc.).
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Il souligne également qu’il faudrait prévenir les personnes intéressées par cette expérience que le semis direct doit s’accompagner d’une couverture végétale permanente. Le sol n’est pas qu’un simple support, car beaucoup d’êtres vivants y vivent, dont les mycorhizes qui ont besoin d’être nourris en permanence.
Le semis direct est ainsi la solution que devra utiliser les céréaliculteurs pour faire face à la sécheresse dans le secteur agricole, sachant que le véritable problème de la céréaliculture en Algérie n’est pas l’absence de l’eau, mais la manière de travailler la terre.
N’oublions pas que les dernières pluies qui se sont abattues à Aïn Témouchent n’ont pas pénétré le sol à plus de 70 à 80 cm à cause de la couche appelée “semelle de labour” qui est imperméable, chose que les fellahs ignorent. Il faudrait donc briser cette couche de façon mécanique ou à l’aide de charrues spécifiques ou encore planter des plantes qui ont un système racinaire profond, jouant ainsi le rôle de la perméabilité.